6 - Thiers puni par une grisette parisienne.

4 octobre 2015

6 - Thiers puni par une grisette parisienne.

Lorsque je venais régulièrement sur le forum "voile" (je précise, voile de bateau à voile, qui ici est du genre féminin, précision qui n'est peut-être pas inutile, si on se réfère aux nombreuses confusions qui fleurissent ici ou là dès qu'on utilise des mots à double ou triple sens. Le contexte n'est pas toujours suffisant pour lever le doute) donc, ce forum qui traitait de courses de voiliers réels ou virtuels, comptait parmi ses adeptes, une jeune femme qui se faisait appeler Olvita. Elle était bien connue pour son franc parler, et sa défense résolue de la femme.

Puis elle s'est faite plus rare, aussi je me suis inquiété:

Ca fait un bon bout de temps qu'on n'a pas vu Olvita !!!

Elle qui était capable de parler sur trois topics en même temps, silence complet. Ou alors elle a pris son bâton de pèlerin et elle va à Lorient à pied. Une sorte de Troménie partant de Normandie.

Elle doit avoir les pieds en compote, elle va être obligée de marcher sur les mains. Mais comme je suis sûr qu'elle doit parler avec les mains, elle ne pourra plus rien dire, et ça va lui manquer. hello:{}

Tiens pour lui faire passer le temps dans sa longue marche je vais lui raconter une histoire :

Dans les années 1870 vivait à Paris une grisette qui s'appelait Olvita. Elle a connu la guerre de 1870 et le siège de Paris par les armées prussiennes, et les bombardements de la grosse Bertha. La famine sévissait, les gens mangeaient les chevaux et aussi les chats et les chiens, ils appelaient cela tout bêtement les boucheries chevalines, les boucheries canines et les boucheries félines. Il mangeaient aussi du rat, mais ils n'ont pas osé ouvrir des boucheries ratines.

Aprés la guerre de 1870, au début de l'année suivante, c'est l'insurrection de la Commune. Elle essaie de mettre en place des lois trés sociales, et de promouvoir une société vraiment égalitaire, mais cela fait trembler les piliers de la société bourgeoise que sont l'ordre, la discipline, le sabre et le goupillon. Ceci me permet une digression intéressante. Au dix-neuvième siècle, l'ordre et la disciipline passaient pour être des valeurs indispensables à une société pour vivre harmonieusement, malgré les contraintes que cela supposait. Des contraintes qui auraient dû être respectées par tous bien sür. Mais ceux qui votaient ces contraintes et les faisaient respecter, étaient ceux qui en étaient bénéficiaires et qui n'avaient donc pas la nécessité d'en tenir compte, Aujourd'hui beaucoup pensent que la bourgeoisie n'existe plus, ou alors que nous sommes tous bourgeois, à partir du moment où nous avons un revenu, smicard ou actionnaire, chômeur indemnisé ou PDG, nous pouvons tous nous acheter un smartphone et une télé. Encore un petit effort et nous aurons enfin la société parfaite...

En 1871, il n'est pas question de laisser la société aux mains de ces utopistes fous furieux. Aprés quelques tergiversations, la chambre des députés qui siège à Versailles décrète que la Commune doit être anéantie, et c'est Thiers, futur président de la République, qui dirige la répression sanglante et sauvage, qui se termine par des milliers de fusillés au mur des Fédérés.

La douce Olvita est ulcérée par tant de cruauté, et promet de se venger. Un jour, elle se rend à la chambre des députés, et réussit à s'approcher de Thiers. Elle lui assène des grands coups de parapluie sur la tête au grand dam des huissers présents qui appellent les gendarmes : "Venez vite, Olvita bat Thiers, Olvita bat Thiers !

Les gendarmes emmènent la jeune femme. Mais dans la mémoire collective du petit peuple parisien, cette agression contre le bourreau de Paris est restée gravée à jamais, et pour garder vivant dans les coeurs cet exploit, ils ont donné ce nom à la petite boite dont elle se servait pour mettre son tabac à priser (elle ne chiquait pas encore.). C'est ainsi qu'ils ont baptisé cet ustensile Olvita-bat-Thiers, qui petit à petit s'est contracté pour devenir Ta-ba-Thiers puis tabatière.
claiwets:2

Voila, c'était une belle histoire de tonton Kero avant d'aller se coucher. sleep:{}

Bonne nuit les petits.
Je veille sur vous.