Rascale est un ami. Je l'ai rencontré sur ce fameux forum dont je vous rebat parfois les oreilles. Il y était avant moi, et lorsque j'ai pu lire ses écrits je les ai trouvés intéressants et bien écrits, nous avons sympathisé. Nous avons fait équipe dans une course virtuelle qui arrivait à l'Aber Wrac'h. Pour ceux qui ne savent pas ce qu'est un aber, c'est l'équivalent en Bretagne des rias en Espagne ou des fjords en Norvège, c'est à dire des estuaires d'anciens fleuves ou d'anciennes rivières, qui sont maintenant envahis par la mer, ce qui donne à ces estuaires l'aspect de grands estuaires de grands fleuves, alors que si vous remontez vers l'amont, après quelques retenues importantes vous ne trouvez plus qu'une petite rivière, parfois même un ruisseau, qui est loin de s'imaginer que quelques kilomètres plus loin il coulera majestueusement entre des rives habitées, et qu'avant de rejoindre la mer, il sera même le cadre de ports plus ou moins importants, abritant des centaines de bateaux. Les rivières bretonnes se poussent un peu du col, c'est vrai, mais quand-même, sans venir de montagnes blanchies par les neiges éternelles, se donner l'aspect de fleuves tranquilles et de rivières peinardes, elles peuvent être fières de leur aspect grandiose quand elles arrivent à la fin du voyage.
Donc nous arrivons à l'Aber Wrac'h, l'équipe comprend quatre bateaux, dont celui de Noirot le Chat qui publie des photos sur Canalblog. Nous savons que nous n'avons pas gagné, une équipe nous a devancé. Mais Rascale a une superbe idée, pour que notre arrivée frappe les esprits et reste dans les mémoires : regrouper les bateaux à l'entrée de l'aber et arriver ensemble tous les quatre, comme à la parade. Les quatre voiliers, presque bord à bord franchissent majestueusement la ligne d'arrivée sous les hourras de la foule.
Il est passé où notre excellent ami Rascale ? Après cette arrivée triomphale, nous n'avons plus de nouvelles de Rascale pendant un temps suffisamment long pour nous inquiéter. Lors d'une interview à la presse locale il avait déclaré : cette arrivée a dépassé tout ce que je pouvais imaginer, j'ai été tellement surpris que les bras m'en sont tombés. Ceci ne put qu'augmenter notre inquiétude quant à son silence.
Chacun admettra sans difficultés qu'il est malaisé de taper sur un clavier quand les bras ne sont plus solidaires du corps, en l'occurrence le tronc. Les bras tombés au sol, le sont forcément avec les mains qui se trouvent, du moins dans la grande majorité des cas, à l'extrémité de ceux-ci. Le sujet n'a donc plus de mains pour prendre ses bras, et ainsi se trouve dans l'impossibilité d'utiliser les doigts qui se trouvent au bout des mains. Et on peut supposer sans grand risque de se tromper, que les susdits doigts étant au bout d'un membre qui n'est plus irrigué, se trouveraient ainsi rapidement inopérants, ce qui veut dire que même si un ami par exemple prenait ces bras pour les utiliser, les doigts seraient raides et immobiles, donc inutiles pour le travail auquel on les destine.
J'espère de tout coeur que ce n'est pas ce qui est arrivé à notre ami Rascale, auquel cas qu'il nous prévienne en tapant sur le clavier avec le nez. Ce n'est pas facile mais ça marche. Je vais taper les mots suivants avec le nez :
je tape agvfec le ,nez
Evidemment ce n'est pas trés trés pratique, mais on y arrive quand même. L'inconvénient c'est qu'il faut s'éloigner du clavier à chaque frappe, et ça devient vite fatigant. Il faut également posséder un nez assez fin, s'il est gros et pustuleux comme certains que je connais, on taperait 3 lettres en même temps, ce qui nuirait considérablement à la clarté du texte.
Et j'espère également que la surprise n'a pas été si forte qu'il en serait resté sans voix. Auquel cas, les bras lui étant tombés, et restant sans voix, il se trouve alors dans une situation extrêmement délicate, et pour tout dire inconfortable. Il ne peut même pas appeler Madame Rascale pour lui dire "Mon amour, chérie de mon coeur, ma petite biche adorée, viens m'aider s'il te plait, je n'ai plus de bras." (Les formules vous paraissent un tantinet démodées, mais il a le droit d'appeler Madame Rascale comme il veut !).
Il se contente de dire "wwwwwwwwwwwrrrrrrrrrrrrwwwwww ww", car quand on reste sans voix, c'est tout ce que l'on peut prononcer. Vous remarquerez au passage la subtilité de la langue française, on ne dit pas qu'il est sans voix, mais qu'il reste sans voix. Ce qui veut dire que s'il s'en va il retrouve sa voix, mais il s'éloignerait alors de ses bras tombés. Ceci pourrait présenter un certain danger, car si Olibrius son pitt-bull préféré passait par là il pourrait manger les bras abandonnés par terre. Tandis que s'il reste à proximité de ses bras, il peut donner des coups de pieds au chien, et ainsi, grâce aux membres postérieurs préserver l'intégrité de ses membres antérieurs. Ce qui explique pourquoi il lui est formellement déconseillé dans cette situation de prendre ses jambes à son cou pour déguerpir. Il suffit de visualiser cette éventualité pour comprendre combien elle est dangereuse et trés difficile à réaliser.
En tout cas c'est vraiment dommage qu'il ait été aussi surpris par cette arrivée, d'autant plus que c'est sur une idée de lui que nous avons éxécuté cette manoeuvre audacieuse qui nous a si bien réussi.
Plus je réfléchis à la situation de notre ami, et plus je pense que décidément, il n'a pas eu de chance, et qu'il va falloir rapidement trouver une solution. Tomber à bras raccourcis sur un adversaire va lui devenir difficile, car raccourcir des bras déjà tombés peut poser certaines difficultés. Doit on les raccourcir du haut ou du bas, si tant est qu'on puisse appeler le haut la partie ayant le biceps et bas celle ayant la main, sachant qu'il suffit de retourner le bras pour que le haut devienne le bas et réciproquement. Par contre il pourra plus facilement donner le bras à Madame Rascale, car il n'aura plus besoin de se promener dans la rue pour cela, elle n'aura que l'embarras du choix, prendre le gauche ou le droit selon son humeur, elle pourra même, chose assez incroyable, prendre les deux en même temps, ce qui confèrera à sa promenade une originalité interessante, pouvant alors marcher bras dessus bras dessous.
Par contre Madame Rascale ne pourra plus lui chanter la belle chanson de mon ami Jeannot "tu peux m'ouvrir cent fois les bras..." car quand les bras sont tombés, il paraît assez difficile de les ouvrir, ou du moins, la question se posera sans cesse sur la réalité de l'ouverture, car ouvrir les bras consiste à les éloigner du corps dans un geste d'amitié ou d'amour. Comment éloigner du corps des membres qui en sont détachés, ou alors il faudrait les disposer sur le sol, suffisamment écartés l'un de l'autre pour pouvoir les considérer comme ouverts, mais cela risque je le crains, d'enlever une certaine spontanéité au mouvement, et surtout à l'intention. A l'inverse, il pourra rester les bras croisés relativement facilement, il suffira de disposer les pauvres membres de manière à composer une sorte de croix de Saint-André. Pour faire un bras d'honneur c'est plus compliqué, mais cela n'a pas grande importance, ce n'est pas le genre de notre ami Rascale toujours trés urbain et policé.
Enfin, on peut dire qu'il a malgré tout un sérieux problème sur les bras, et quand on sait que la chirurgie manque de bras, il ne suffira pas d'avoir le bras long, lequel d'ailleurs ? faudra-t'il les mesurer pour le savoir ? N'hésitons surtout pas à prendre le problème à bras le corps.
---------------
/https%3A%2F%2Fassets.over-blog.com%2Ft%2Fcedistic%2Fcamera.png)
/http%3A%2F%2Fventdesglobes.fr%2Fsongs%2Fimage_grillon.gif)