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Chroniques Kerrozeniennes
6 novembre 2015

25 - Don Quichotte en Auvergne

Les pseudos choisis par les marins virtuels ont souvent une histoire, mystérieuse. Dans ce monde merveilleux de la course au large virtuelle dont je vous entretiens souvent, il y en a un de pseudo, dont l'histoire est particulièrement émouvante, je m'en voudrais longtemps, si je ne vous  la racontais pas et vous pourriez légitimement m'en vouloir aussi, chose que je ne saurais vous reprocher. 

 

Nombre d'entre vous se sont demandés ce que pouvait bien signifier le nom porté par une de nos plus valeureuse capitaine, j'ai nommé Don Quichotte. Personne ne peut savoir ce que veulent dire ces syllabes juxtaposées qui semblent comme sans signification pour le commun des mortels. Et pourtant, comme toutes les autres ces trois syllabes ont une histoire.

 satan_331:6 

Il y avait, il y a bien longtemps, une jeune femme d'une grande beauté qui s'appelait Proserpine. Cette grande et belle princesse vivait dans le royaume de France, une petite Principauté coincée entre le Royaume d'Angleterre et le royaume d'Espagne. Ses jours s'écoulaient paisibles dans une ambiance pleine de poésie de joie et de douceur. Mais le malheur devait s'abattre sur elle, sans prévenir comme il le fait généralement. Proserpine avait apprivoisé une huitre, un animal charmant et qu'elle chérissait plus que tout. Tous les matins elle venait la voir dans son petit parc marin qu'elle avait fait construire pour elle, et du plus loin qu'elle la voyait l'huitre se mettait à bailler malicieusement pour accueillir sa maitresse. Et elle se faisaient des guili-guili et des gouzi-gouzi, que c'était un spectacle vraiment touchant. Dans tout le royaume, les gens se racontaient cette merveilleuse histoire, et on avait affectueusement surnommé la jeune fille Proserpine d' Huitre.

Le malheur vint donc de ce que l'huitre un jour mourut de sa belle mort, aprés une existence entièrement vouée à sa bienfaitrice. Elle fut exposée toute la matinée, recroquevillée dans sa petite coquille nacrée, ses jolis yeux définitivement fermés, presque plus belle qu'avant. Mais l'eau commençait à s'évaporer, et il fallut se résoudre à l'enterrer avant qu'elle ne commençât à sentir mauvais. Tout ceci aurait dû n'être qu'un moment douloureux, certes, car la vie eut pu reprendre son cours, mais notre princesse devint malade de chagrin. On eut beau lui amener d'autres huitres aussi aimables que son amie, des coquilles Saint-Jacques au corps d'albâtre, des légères et des palourdes, et même une Etoile de Mer du Périgord, on organisa des combats de coques, rien n'y fit. 

Elle perdait le boire et le manger, et commençait à s'étioler. De tout le royaume venaient des mages, magiciens et sorcières qui essayaient maints philtres et autres breuvages pour la guérir, mais rien n'y faisait. Quand un jour, un jeune troubadour (c'est ainsi qu'on appelait autrefois les jeunes trouducu) lui dit de venir en Auvergne ou il y avait une sorciere fée nommée Cloclo qui faisait des miracles sur des cas semblables.

 satan_331:6 

Elle prit son bâton de pèlerin et se mit en route. Arrivée en Auvergne elle s'enquit de la maison de la fée. " Pour aller chez Cloclo ? ch'est fachile, vous chuivez le chentier, ch'est dans un cul-de-chac !" Elle ne che formalija pas pour l'acchent, on l'avait déja prévenue.

La fée Cloclo lui dit : " Je vais vous j'aider. Grâche à moi, vous réuchirez à prendre contact avec l'âme de votre amie, qui attend chette chéanche pour aller au paradis des juitres. Aprés vous cherez libérée, et chon âme retrouvera le repos."

Chitot, pardon, sitôt dit, sitôt fait, on disposa un guéridon au centre de la pièce plongée dans la pénombre. Aprés un bref cérémonial et quelques phrases cabalistiques, elles se donnèrent la main par dessus le guéridon et invoquèrent l'âme de la petite amie de la princesse. "Petite huitre, petite huitre, ou que tu chois, réponds nous. Nous venons vers toi pour que ton âme retrouve le repos, et ch'en aille vers ches chemblables, pour les chiècles des chiècles !" Et soudain , mû comme par une force extraordinaire, le guéridon se mit à bouger, puis à faire des bonds, à tressauter, et enfin à sauter comme un cabri. On n'imagine pas qu'une si petite huitre puisse avoir la force de faire cela. Au comble de l'excitation Cloclo criait : " Le guéridon qui chaute ! le guéridon qui chaute !"

Cette phrase, prononcée avec une telle intensité était entrée dans le cerveau de Proserpine qui entendait cette phrase se propager dans sa boite cranienne comme une douce musique et un chant de délivrance. "Guéridon qui chaute, guéridon qui chaute..." Cloclo, épuisée, se leva et dit : "Ton amie est maintenant chauvée, elle est avec les j'autres j'uitres, et toi auchi tu retrouveras la quiétude et la chanté" - "Je suis donc guérie ? s'enquit timidement Propro (c'était son petit nom dans l'intimité) - "Oui, ma grande tu es guérie " - " Alors, dit elle en extase, le regard tourné vers le firmament étoilé (si un firmament n'est pas étoilé, ce n'est pas un vrai firmament), alors, si je suis guérie, votre phrase...votre phrase...". Au comble de l'émotion elle ne pouvait en dire plus, les mots s'étranglaient dans sa gorge pourtant opulente. " Mais oui, Projerpine, on peut enlever guéri de chette phraje, et déjormais on dira don qui chaute uniquement."

Proserpine, le coeur léger, reprit d'un pas joyeux le chemin de son petit royaume. Don qui chaute, don qui chaute... Cette formule qui était le résultat de sa guérison, trottait dans son cerveau enfièvré. Elle décida ainsi de garder ce nom en hommage à sa petite copine d'huitre, qui lui avait donné tant de bonheur. Maintenant, c'est avec affection qu'elle pensait à elle. Plus tard, Don Quichotte, sur toutes les mers du globe, porta haut les couleurs de l'huitre, et jamais ne faillit. 

J'écrase une larme de bonheur avant de vous quitter sur cette belle et émouvante histoire.

Au revoir les ptits loups, et ne restez pas coincés sur le pot. (au noir évidemment)

 jupiterre:3 
 faz06:7

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Commentaires
N
Souvent...le dimanche...j'invite douze amies de Cancale à ma table...et je les gobes.<br /> <br /> Avec mon ami "sauvignon" on sait les apprécier à leur juste valeur ...les cancalaises.<br /> <br /> Ça donne faim tes histoires Kéro... Vivement dimanche.
J
Encore, encore, des histoires comme Kéro seul peut les inventer et les raconter, devraient être recommandées par les médecins guérisseurs de dépressions et surtout remboursées par la sécu tellement elles sont réconfortantes et bénéfiques pour les zygomatiques souvent gercées par la tristesse de l'époque dans laquelle on se débat en ce moment. Si tu les édites donne moi le n° d'ISBN que je puisse en commander !
Chroniques Kerrozeniennes
  • Chroniques publiées sur le forum de FRANCE 2 et FRANCE 3 consacrées aux sports, ces forums ne concernent que la voile, mais tous les sujets ont pu être abordés (société, philosophie, religion, poésie) avec plus ou moins de bonheur mais décalés. Kero Zen
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