38 - Chanson pour la femme humiliée

Je veux écrire une chanson…
Une chanson qui te ressemble
Que nous pourrions chanter ensemble
Un feu de joie
Une belle chanson d’amour
De celles qui riment avec toujours
A chaque fois

Mais celle qui me monte aux lèvres
Me fait trembler comme une fièvre
J’entends les cris
Les cris de la femme humiliée
Prisonnière des barbelés
De son tchadri
De la fillette qu’on mutile
Sur une tradition immobile
Ame et corps meurtri
De cette fille qu’on immole
Dans nos grandes mégalopoles
De haine et de nuit

Je veux écrire une chanson…
Une chanson qui te rappelle
Combien la vie peut être belle
En harmonie
Un ciel d’été, un chant d’oiseau
L’amour d’un chien, un coquelicot
Une mélodie

Mais celle qui me monte aux lèvres
Me fait trembler comme une fièvre
Et mon cœur va
Vers cette femme qu’on lapide
Pour obéir aux lois stupides
Des vieux mollahs
Vers celle, violée, et donc coupable
Selon la logique implacable
Des émirats
Vers celle qui n’est qu’une étrangère
Qui, chez elle, ni épouse ni mère
N’existe pas.

Je veux écrire une chanson…
Une chanson qui te ressemble
Si forte et si fragile ensemble
Un peu sauvage
Une chanson de gens heureux
Si tendres, bon et généreux
Et sans nuages

Mais celle qui me monte aux lèvres
Me fait trembler comme une fièvre
Ce sont les yeux
De cette fille dans la tourmente
Qui subit l’enfer des tournantes
Dans nos banlieues
De la gamine bien intégrée
Qu’on expédie se marier
A mille lieues
Et de ces femmes qu’on méprise
Qu’on veut asservies et soumises
Mais pour quels Dieux ?

Je veux écrire une chanson…
Tu es née pour chanter l’amour
La beauté la joie tour à tour
Le merveilleux
Oui, tu es née pour le bonheur
Tu veux que les gens aient du cœur 
Et du ciel bleu

Car un jour viendra, j’en suis sûr
Ou nous abattrons tous ces murs
D’obscurité
La fin de la haine et du sang
Nous laissera enfin le temps
Pour écouter
Cette chanson qui te ressemble
Que nous pourrons chanter ensemble
En liberté
Cette chanson qui nous ressemble
Que nous pourrons chanter ensemble
En liberté.

Comments

[Rascale]

Celle-là, je te la jalouse.

Enfoiré ! :-)

[jodel]

Ah au fait j'aurai dû commencer par là, quel est l'air de ta chanson sinon c'est un poème ou une poésie ?

[jodel]

Y a pas à dire ni à contester, c'est très touchant.