466 - Le baiser maternel.

Je me suis fait le chantre de la bisouthérapie, mais comme toujours les pionniers sont moqués et insultés.

Shadok tu me fais de la peine. Oui, beaucoup de peine. Tu précises que tu dis tout ça pour rire, et ça me fait encore plus de peine. Que tu te moques de la bisouthérapie montre chez toi une absence de coeur qui me fait de la peine. Aprés avoir sillonné toutes les mers de notre globe, j'ai voué mon existence à la poésie et à la médecine. J'ai créé la bisouthérapie aprés avoir mené de trés longues et importantes expériences sur le sujet, et fait des découvertes extraordinaires. Personne n'ayant encore jamais visité ces contrées inexplorées de l'âme humaine ne pouvait se douter de la richesse de ce que j'ai pu y trouver.
 
Mes expériences m'ont mené aux limites de la médecine et de la parapsychologie, à cette frontière si ténue qu'on ne sait pas où commence et où finit la réalité. Ainsi j'ai pu démontrer la cruauté que constituait l'absence de bisous pour les bébés, et que cet état de fait pouvait avoir des conséquences terribles pour l'histoire du monde. Un certain nombre de personnages ont manifestement été privés de bisous dans leur petite enfance, et des millions d'hommes en sont morts : Attila, Néron, Sardanapale, étaient des frustrés du baiser maternel, et ils mirent le monde à feu et à sang pour assouvir leur manque.  
 
Imaginez le petit Adolf. Il avait déjà l'air si méchant quand il était petit que personne ne lui faisait de bisous. Résultat il devint encore plus méchant, alors que si quelqu'un avait voulu se dévouer avant, la face du monde en eut été changée. Par la suite il se faisaient des papouilles avec le gros Hermann et Heinrich le maigrichon, mais leurs ébats manquaient de douceur, le ressort était cassé et le manque de vrais bisous était irréversible.
 
Il ne faut pas prendre ce problème à la légère, mes expériences continuent, et croyez moi, un monde où le bisou aura trouvé sa place sera un monde plus beau et plus agréable à vivre.  
 
Mais comme les grands incompris, je me retire dans ma tente, en murmurant : "Et pourtant..."