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Chroniques Kerrozeniennes
6 décembre 2015

46 - Enquête littéraire sur un ami.

Aujourd'hui je vais vous présenter un autre ami issu des courses virtuelles. Ici je peux dévoiler son véritable nom parce qu'il est écrivain et journaliste, et que son nom connu ne peut lui nuire, bien au contraire. Il s'appelle Patrice Baluc-Rittener, et est l'auteur de plusieurs romans, fin connaisseur en Rugby, certains de ceux-ci se déroulent dans ce milieu. Mais il a publié en  mai 2009 un roman qui nous plonge dans ce monde que je fréquente en ce moment avec tant de plaisir : la voile virtuelle. Il a fait la totalité du Vendée-globe, encore pas très rompu à toutes ses techniques, mais a réussi une course très honorable. Par la suite il a gravi les échelons de la maitrise des voiliers virtuels, et est devenu un des meilleurs skippers de cette discipline. Il faut savoir que lors de ce Vendée 2008-2009 il y avait environ 500 000 concurrents ! Pour nous ses compagnons de courses, il est resté Chico de son pseudo, toujours présent pour les courses, et toujours prêt pour des bonnes parties de rigolade. 

Donc, pendant cette course virtuelle, qu'il découvrait avec plaisir, il notait les évènements, bons ou mauvais, pour par la suite écrire son roman "Sur la vague virtuelle du Vendée", Comme le vrai Vendée, ça durait trois mois et quelques, Il y a beaucoup appris et sait de quoi il parle dans son livre. En ami véritable il me dédicaça un exemplaire, et je lui promis de lui faire part de mes remarques, bonnes ou mauvaises. Ce que je fis en mai 2009, voici ce que j'écrivais sur le forum . Je ne suis pas critique littéraire, je ne voulais surtout pas me prendre au sérieux, mais j'avais promis à Chico de dire ce que je pensais, je lui devais bien ça.

 

Je viens de finir le livre de Chico, et je le trouve trés bien fait. Bien sûr il n'a pas tout dit, on sait trés bien qu'il est absolument impossible d'être 434ème du Vendée Globe Virtuel, en n'utilisant que les moyens qu'il nous indique, rien sur la navigation. Mais c'est de bonne guerre, il ne va quand même pas nous dévoiler ses secrets. Ce livre est donc agréable à lire et sincère.

Sincère ? Je m'abîme dans une profonde réflexion. il y a quelque chose qui me turlupine, mais quoi ? J'ai l'impression que quelque part, justement je ne trouve pas cette sincérité, il y a quelque chose qui cloche. Soudain, j'ai compris. Il y a un pan de ce livre qui manque de justesse, il faut que j'en ai le coeur net.

Pour ceux qui ne l'ont pas lu, je précise que notre ami Chico ne s''est pas contenté de nous narrer jour aprés jour ses pérégrinations autour du globe virtuel, et qu'en véritable écrivain, nous le voyons évoluer dans son univers, sa vie quotidienne. Et c'est là que je sens la faille : une démagogie familiale excessive. Trop, c'est trop. Je vais mener mon enquête.

 faz06:7 

Je débarque à Biarritz, et je me rends dans les bureaux des Editons Atlantica. Je suis aussitôt reçu par le directeur, Il est flatté de recevoir un aussi illustre visiteur, et je sens que la conversation sera amicale. Aprés quelques phrases anodines sur le cours de l'artichaut et l'intérêt du beurre salé en milieu carcéral, je viens adroitement sur le sujet qui m'interesse. Dés que je parle du livre, il est enthousiaste.
- Oui, je ne regrette pas de l'avoir publié, j'en ai déjà vendu 13 et j'en ai au moins cinq encore en commande. Ce sera un best-seller, j'en suis sûr
- C'est ce qu'on peut souhaiter à un tel monument de connaissance en matière de voile virtuelle. Mais dites moi, votre auteur là, il n'a pas de problèmes familiaux ?

- Pourquoi vous me demandez çà ?

- Oh ! Comme ça ! Disons que je vois comme un petit décalage..

Je le sens tendu soudain. Aurais-je touché juste ?
. Ah ! Vous savez c'est sa vie privée.
- Mais bien sûr, ne vous inquiétez pas. Il faut néanmoins ne pas tromper le lecteur, vous êtes d'accord avec moi ? Et Monsieur Chico est maintenant un homme public..
- Oui, oui...voila voila... Vous restez sur Biarritz ?
Mon instinct de super-justicier ne m'a pas trompé. Maintenant j'en suis sûr.
- Allez ! Dites moi tout, j'ai deviné qu'il y a un problème. Evitons le scandale.
- Bon aprés tout ! Je ne pouvais pas faire autrement.
En disant cela il se lève et ouvre un tiroir d'un classeur vertical. Il en extrait un dossier assez mince, sur lequel est écrit "Chico". Il me le tend d'un air résigné, et me dit :
- Lisez-ça. Vous comprendrez. Installez-vous là, je reviens.

Je m'installe confortablement et j'ouvre le dossier. Il comprend quelques feuillets dont certains passages sont entourés de rouge. Ils sont extraits du manuscrit de "Sur la Vague Virtuelle du Vendée". Je me concentre sur les passages entourés, et je lis :
"Je me recale dans les coussins, balance mes pompes sous l'escalier qui mène aux chambres. Ma femme -  elle s'appelle Ortie - secoue la tête en gueulant. Quelle plaie d'avoir une compagne comme elle. Pas facile la vie à deux..."Et alors, c'était comment tes skippers à la noix? éructe-t'elle
- T'avais qu'à venir, conasse, je fais en ajustant les coussins.
Elle passe la main dans ses cheveux gras et mal taillés et secoue la tête.
- Tu sais bien que je ne pouvais pas connard. C'est grave ?
- Ben non, moins j'te vois et mieux j'me porte
On s'engueule encore quelques minutes, j'essaie de lui raconter l'ambiance, les skippers sur les bateaux, elle me répond qu'elle n'en a rien à foutre. Je lui balance une mandale qui la fait brailler, et je me tire."

Je commence à comprendre, ça, c'est le vrai texte que Chico avait proposé à son éditeur. Je continue ma lecture. 

"17h. Je suis sorti. Avec Ortie on est allés se balader en ville quand elle est revenue de l'école. Elle va encore faire du lèche-vitrine, comme si elle pouvait améliorer quelque chose de son aspect repoussant. Tiens, un petit restau impromptu aussi. J'aime bien ces petits tête-à-tête, ici au moins elle ne gueule pas et elle essaie de manger à peu-prés proprement. Je l'ai observée, je la trouve de plus en plus moche...Mais la ville m'a semblée morne et vide."

Voila, j'en sais assez. Lorsque le directeur revient, il me trouve pensif sur le canapé. Vous voyez ? balbutie-t'il. Je ne pouvais pas publier ça. 
- Oui, je vous comprends, mais il y a quand même tromperie sur la marchandise.
- Oh ! Quelques pages ! Tout le monde n'a pas votre sagacité. On l'a appelée Lilas, c'est plus joli et on les a fait s'aimer, c'est quand même plus romantique.
- Vous savez que je ne mens jamais. Je ne veux pas vous faire de tort, mais si on m'en parle...
Le directeur est à genoux sur la moquette. Des larmes coulent le long de son visage et descendent le long de son cou. Il supplie :
- Je vous en supplie Monsieur Kero, pensez à notre réputation. Des centaines d'auteurs qui se retrouveraient à la rue du jour au lendemain, des femmes et des enfants condamnés à mendier dans les rues. Chico n'est pas un mauvais bougre, et mettez vous à sa place, ce n'est pas facile d'avoir une femme qui s'appelle Ortie.
- Relevez-vous mon brave. Vous m'avez ému et je ne vous ferai pas tort. Mais faites attention aux paparazzi, s'ils découvrent sa femme, je ne vous dis pas comment ils vont se régaler.
- Nous serons vigilants, je vous en fais la promesse.
- Bien. Je ne vous embête pas plus longtemps. Ne dites pas à Chico que je suis au courant. 
Je quitte le bâtiment non sans avoir recommandé à la secrétaire d'arroser les plantes du hall d'entrée, et j'ai rejoint la Bretagne. Je suis content d'avoir élucidé le mystère Chico, mais je garderai le silence. Laissons Lilas, c'est joli Lilas. Et peut-être, un peu, quelque part, il vit avec une véritable Lilas qui le chouchoute....Il a le droit de rêver...

 jupiterre:3 

 faz06:7

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Commentaires
J
...dois-t-on comprendre la raison pour laquelle il a ouvert une rubrique:Le bistrot à Chico ? On peut y étancher ses soifs et ses peines de coeur ? Mais il y a toujours un truc qui m'étonne quand quelqu'un parle de sa femme dans les termes qu'il emploie, c'est qu'il la décrit comme étant la pire des pires, mais il l'a aimée, elle n'est pas devenue de la sorte du jour au lendemain, c'est facile de reporter la faute sur l'autre, a-t-il fait son examen de conscience pour en arriver à sa conclusion ? Enfin ce que j'en dis c'est un point de vue, je ne connais pas les tenants et aboutissants.
Chroniques Kerrozeniennes
  • Chroniques publiées sur le forum de FRANCE 2 et FRANCE 3 consacrées aux sports, ces forums ne concernent que la voile, mais tous les sujets ont pu être abordés (société, philosophie, religion, poésie) avec plus ou moins de bonheur mais décalés. Kero Zen
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