47 - une éthique pour les chroniques kerrozeniennes.
En relisant le texte que je viens de publier concernant le roman de mon ami Patrice Baluc-Rittener, je me suis aperçu que je manquais cruellement d'une certaine éthique, et que ce n'était sans doute pas la première fois et j'en fus mortifié. Je décidai donc de régler ce problème et tout de suite ! je réunis un comité d'éthique, dans lequel je pris la présidence. Je me nommai également membre à plusieurs titres ( Histoire, Poésie, critique, philolologie, grammaire, humour,) et je me mis au travail. Dès la première réunion, j'expliquai aux membres pourquoi il fallait nommer un comité d'éthique, et ce que j'attendais de chacun d'eux : "Pourquoi un comité d'éthique ? commençai-je. Parce qu'il n'y en a pas. et que cette absence risque d'être profondément préjudiciable à la crédibilité de ces magnifiques chroniques que je propose au monde entier, chaque jour ou presque. Je n'en donnerai pour exemple, que la dernière chronique traitant du roman de Chico. Le manque d'éthique m'apparut clairement, il me fallait réagir. En quoi ce texte était-il caractéristique d'un manque d'éthique ? Eh bien parce que tous mes textes sont ambigus. Ecrits de manière sérieuse, grâce à une maîtrise considérable de la langue française, ils pourraient très facilement induire les lecteurs en erreur. Parfois ce qui est conté est vrai, parfois enjolivé, parfois complètement passé sous la coupe d'une imagination débordante et tyrranique qui aime prendre l'apparence d'une vérité incontestable, et qui arrive souvent à tromper les lecteurs, ce qui généralement n'a pas une importance extraordinaire, mais qui peut parfois être gênant pour des personnes réelles qui peuvent ainsi se sentir insultées ou plus simplement diffamées. Cette simple possibilité suffit pour que je prenne toutes les précautions nécessaires pour ne blesser personne, ce qui n'est pas, loin s'en faut le but de ces chroniques.
Le membre de l'Histoire demanda la parole : Pourtant, Maître, ( bien que le terme Maître dérange un peu ma simplicité naturelle, je n'ai jamais eu le courage de brusquer mon entourage en disant : "appelez moi Excellence c'est plus simple", j'ai donc à mon corps défendant laissé l'admiration , la fidélité et le dévouement de mon entourage prendre le dessus sur une familiarité qui aurait pu ternir cette confiance aveugle que je leur inspire), Maître, disait donc le membre de l'Histoire, pourtant vous avez toujours pris la précaution de préciser quand les propos tenus étaient réels et quand ils étaient plus proches de la Légende. Certes, certes, mon ami, comme vous le faites remarquer, j'ai toujours essayé de ne pas faire prendre des vessies pour des lanternes, sachant surtout que la vessie éclaire très mal sous nos latitudes. Mais je crois que je ne le précise pas suffisamment. Ainsi dans le cas précis de Ortie l'épouse aimante de ce pauvre Chico, nulle part je ne dis que c'est une blague, et qu'au contraire elle est une femme agréable à écouter , à regarder de loin ou de près. Et qui m'a toujours réservé le meilleur accueil lorsque j'ai eu l'honneur d'aller les voir dans l'Aude. La honte me submerge en pensant qu'elle aurait pu lire cette chronique où, pour faire sourire le lecteur, j'ai inventé un aspect repoussant à cette gentille Lilas...Je demande pardon à genoux à ce couple si agréable et acceuillant, que j'ai trahi de manière si éhontée que le rouge me monte aux joues.
Mais comment faire maintenant ? demanda le membre Humour ? Il faudrait un signe distinctif qui fasse comprendre sans risque d'erreur, que les mots désignés sont vrais ou faux !
Bien vu ! le membre Humour rosit sous le compliment. On pourrait écrire en gras ce qui est vrai, ou bien souligner en rouge ce qui est faux ? Pour ne pas se donner trop de travail, on va traiter ce qui est vrai, c'est la partie la plus petite.
Après avoir discuté sur toutes les possibilités, on se décida à souligner ce qui est vrai dans le texte en cours
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