143 - Compliments justifiés, critiques infondées

Madame Pogo a écrit :
 

Citation :

Monsieur Kéro, il aime être flatté et comme cela il passe une bonne nuit étoilée

 
Hélas, Monsieur Kéro, tout super héros et justicier qu'il soit, est comme l'immense majorité de ses contemporains, il préfère les compliments aux critiques, la vanité étant un peu notre lot à tous, bienheureux si elle n'a pas étouffé le reste. Et le tout petit avantage que je peux avoir sur certains, c'est qu'au moins je le sais, et que je tente de me persuader que les compliments sont justifiés et les critiques infondées.  
Et aussitôt on entre dans un domaine trés trés flou et mouvant, aux contours imprécis : quand peut-on dire qu'un compliment est justifié et une critique fondée ? Peut-il y avoir un instrument de mesure infaillible, et selon la personne qui s'est exprimée, le degré de sincérité évite-t'il l'erreur de jugement ?
Et pour développer cette idée, il me faut un exemple simple, qui ne souffrirait aucune interprétation erronée.  
Laperousse dit : "Kero zen est un pauvre type". La sincérité de Laperousse peut-elle être mise en doute ? Assurément pas. Donc, aux yeux de Laperousse, je suis vraiment un pauvre type. Etant de sexe masculin, comme peuvent en témoigner un nombre conséquent de jolies femmes, on a donc au moins la moitié de l'affirmation laperoussienne qui est exacte. Pour la deuxième moitié, je suis pauvre. Certes, si on me compare à Bill Gates, ce sera exact. Pourtant le royaume des cieux m'appartient, car on dit : "heureux les pauvres d'esprit, car le royaume des cieux leur appartient". Propriétaire d'un royaume, puis-je être qualifié de pauvre type ? Sans conteste possible on voit que Laperousse, bien que sincère dit pourtant une contrevérité. Et dans ce cas, il semble que j'ai bien raison de ne pas tenir compte d'une critique, même sincèrement formulée.
 
A l'inverse, lorsque Rascale dit que je bénéficie d'un pouvoir charismatique. Là aussi, posons-nous le problème de sa sincérité. Le premier postulat, qui jusqu'à présent n'a jamais souffert d'aucune contestation possible, est que Rascale n'a jamais rien dit qu'il ne pensait pas. Donc, je peux sans crainte aucune dire qu'il est sincère lors de ce compliment. Est-il exact pour autant ? On peut imaginer que Rascale, entraîné par une bienveillance coupable aurait un peu forcé le trait, et aurait appelé charisme, un laborieux pouvoir de persuasion. Ce serait alors la capacité de jugement de Rascale qui serait mise en cause, et de quel droit pourrais-je lui dénier une qualité que tout le monde lui reconnait, et qui est entrée dans le langage courant, au même titre que le jugement de Salomon. Je ne m'en sens pas capable, je suis donc obligé de dire : le jugement de Rascale est juste. Et dans ce cas, il semble que j'ai bien raison de tenir compte d'un compliment sincèrement formulé.
 
Merci d'avoir suivi ce raisonnement avec toute la rigueur que celui-ci requerrait.