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Chroniques Kerrozeniennes
13 avril 2016

209 - D'arrache-pied

 

J'allais oublier de noter la prestation du grand poète Noirot. Euh ! Je confirme son appréciation tristement lucide, et je ne saurais trop lui conseiller de ne pas s'aventurer sur des terrains qu'il ne maitrise pas tout à fait... Ce n'est pas que le résultat soit vraiment trés trés mauvais, mais il a déjà tant de qualités qui lui permettent de briller en société, que je suis un peu étonné qu'il veuille ajouter cette corde à son arc déjà si bien pourvu, et qui ne peut que déséquilibrer l'ensemble. Lorsque Ingres, grand peintre s'est piqué de musique, il lui a fallu travailler d'arrache-pied pour ne pas sombrer dans une médiocrité qui eut enlevé de la gloire à son activité principale. Cette expression me permet de vous faire remarquer combien elle aurait été malheureuse si elle avait été connue comme "d'arrache-main". Pour un peintre qui jouait du violon, son travail serait devenu improductif, et pour tout dire, aurait atteint un but contraire à l'objectif fixé. Car si on  voit des peintres arriver à pratiquer leur art avec les pieds, il est quand même peu de violonistes qui donnent des concerts dans ces conditions. On m'objectera que Ingres ne donnait pas de concerts, c'est exact, mais même quelques morceaux joués pour des amis dans un cadre familial, lui auraient été d'une difficulté incommensurable, et je doute qu'il aurait pu, dans ces conditions aller plus loin que "Au clair de la lune", ce qui aurait, on en conviendra, considérablement terni sa réputation de virtuose dans les deux disciplines.
On peut donc se réjouir de la justesse des expressions françaises, qui ont permis au grand artiste de rester à la postérité pour son eclectisme, même si une certaine claudication a pu alourdir légèrement sa démarche.
Je fais remarquer, au passage, la beauté de la langue française qui permet à un auteur de talent, d'accoller les deux termes alourdir et légèrement, qui pourrait pour le commun des mortels sembler être une faute, alors qu'il s'agit ici d'un audacieux amalgame , donnant à la phrase une précision incroyable, que seul un maître peut utiliser. Personne ne pourrait imaginer un Laperoussien, même Rascale qui maintenant fait partie de leur engeance, imaginer une telle coloration de mots.

On me propose Oxymore pour désigner mon rapprochement audacieux. Ben oui, oxymore, encore que ce mot lui-même est déjà entaché d’un certain mystère mais dans ce cas précis se rapprochant plus du pléonasme : occis – mort. Jusqu’où et pendant combien de temps encore pourrons-nous explorer ces merveilles de la linguistique ? 

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  • Chroniques publiées sur le forum de FRANCE 2 et FRANCE 3 consacrées aux sports, ces forums ne concernent que la voile, mais tous les sujets ont pu être abordés (société, philosophie, religion, poésie) avec plus ou moins de bonheur mais décalés. Kero Zen
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