332 - Qui a coulé Laurent Voulzy ?

Sur la course  Belle-Ile-en-Mer-Marie-Galante, il a été invité grâce à sa chanson éponyme, à s’essayer à la voile virtuelle, et il a donc pris le départ avec nous, et sa prestation fut très bonne, peut-être conseillé par les organisateurs, mais arrêtons d’être mauvaise langue.                                                           

 Guinad, vous savez qui c'est Guinad ? C'est le premier de nos virtuels, et bien sûr sur le Point K, le plus beau point du marché, il serait en majuscules, comme dirait Tigron, pour l'option voile. Eh bien Guinad est à 92 milles de l'arrivée, alors que Yolla, notre premier Nordiste en est à 367 milles et que Cubalibre, notre première sudiste, en est, elle, à 612 !!! 

 
Mais, ça, ce n'est pas une énorme surprise, tout doucement on voyait cette configuration se mettre en place. Il y a autre chose qui m'inquiète, et je crois que le terme est faible, autre chose qui me glace de terreur, et me plonge dans une extraordinaire perplexité : qui a coulé Laurent Voulzy ?
 
Qui est le monstre qui a osé perpétrer ce crime ? Qu'il se dénonce ! Depuis le début de la course, j'avais pris l'habitude de voir Laurent, comme nous se dépêtrer avec son bateau. Bien sûr il avait toutes les options, mais pouvait-il faire autrement ? Et il a pris, comme beaucoup, un départ un peu difficile. Il s'est embringué dans l'option Nord, comme quelques uns d'entre nous, que j'ai, je le reconnais bien volontiers, brocardé et moqué.  
 
Tellement persuadé que Lemalosaint ne se trompe jamais, persuadé que les courses océaniques ont une forme immuable dans laquelle les alizés jouent un role primordial, persuadé que les choix des vrais kippers sur la vraie course sont forcément les meilleurs, persuadé que l'anticyclone des Açores est une énorme bulle incontournable, que j'ai attendu patiemment que les Nordistes, ridiculisés et honteux, viennent nous admirer dans notre belle course, et nous fassent une haie d'honneur en hommage à notre prescience.
Naturellement, parmi ces Nordistes j'imaginais Laurent Voulzy, admiratif, et téléphonant à Alain Souchon qu'il avait ici rencontré des dieux de la navigation virtuelle, et qu'il en ferait peut-être une chanson.
 
Mais le scénario fut tout autre, vous l'avez bien vu. Et Laurent, dont je me moquais était sur la bonne option de vent, mais en plus doublait tous nos skippers et s'installait sans vergogne dans les 300èmes. J'ai longtemps cru que les Nordistes mangeraient leur pain noir, vous avez lu mes commentaires sur le point K.
 
Et il m'a fallu un moment me rendre à l'évidence, les sudistes ne reviendraient plus, les tableaux de progression dont je me faisais une joie au début, puis une obligation sur la fin, montraient notre décrépitude et notre minabilité. Et au moment de triompher, Laurent Voulzy, celui qui a donné ce nom à cette course, ce talentueux musicien qui a su mettre un trait d'union entre une magnifique île bretonne et une magnifique île des Antilles, ce chanteur sympathique qui ne s'est jamais donné la grosse tête, disparaissait corps et biens !!!  
 
Quelqu'un a coulé Laurent Voulzy ! Et ça, ici, nous ne l'acceptons pas. Car Laurent est un navigateur breton, et nous ne supportons pas qu'on puisse faire des misères à un navigateur virtuel en général, et Breton en particulier.
 
Nous exigeons que Laurent soit renfloué, et que son bateau puisse franchir la ligne d'arrivée ! Il l'a mérité autant que n'importe qui.