336 - Sainte Pétole

Ce matin, pour ma prière quotidienne, je décidai de m'adresser à Sainte-Pétole, mon amie parce que ma conscience me commandait de réparer une injustice. Je m'adressai donc à elles dans ces termes :
"- Sainte Pétole pleine de traces que le baigneur soit avec vous.  
"- Parle mon enfant (hi hi) que me veux-tu ?
"- Je pense avoir été un peu injuste envers ce pauvre Rascale qui n'est pas un mauvais bougre malgré les apparences.
"- Tu as pourtant insisté pour que je m'occupe de lui.
"- C'est vrai, mais j'étais un peu irrité de son attaque virulente, j'ai dû sévir. Mais je crois qu'il est temps de lever la punition. Il faut savoir pardonner aux êtres faibles et peu gâtés par la nature, tout n'est pas de leur faute.
"- C'est un sentiment qui t'honore, brave et généreux Kero. Pour t'être agréable, je veux bien accéder à ta demande, mais tu connais le principe ? Je dois avoir mon quota de victimes. Ce n'est pas de la méchanceté, c'est pour rappeler certains à un peu plus d'humilité.
"- Eh bien tant pis ! Je me sacrifie ! Pétolise moi, je ne peux considérer sans souffrir le triste sort de ce malheureux. Frappe-moi, je n'en serais que plus grand.
"- Garde-toi du péché d'orgueil, mon excellent Kero, gardes la tête froide. Bon, je vais t'empétoliser, mais pas trop longtemps, tu ne le mérites pas. Juste pour le principe, jusqu'à neuf heures trente, ça te va ?
"- Merci, Sainte Pétole, tu es un vrai chou.
"- Allez, fais moi un petit bisou. Aujourd'hui je vais être magnanime. Je vais peut-être aller voir du côté de Curko, et le freiner un peu, je le trouve gourmand celui-là.
"- Oui juste un petit freinage, c''est pas un mauvais ch'val lui non plus, mais tu sais ce que c'est, la course leur donne les dents longues, heureusement que tu es là pour les ramener à des considérations plus modestes.
"- Je suis là pour ça, ne me remercie pas. J'ai laché Rascale. Va en paix mon enfant, et appelles moi quand tu veux.
"- Au revoir Sainte Pétole et merci pour tout.
 
Dans un grand nuage d'argent, comme ceux que nous avons en Bretagne les soirs de pleine lune quand le vent les fait courir sur la lande, elle s'est évaporée, et je suis resté longtemps émerveillé comme un enfant, et le coeur empli de joie et d'allégresse. Et ce sentiment de plénitude qui vous envahit lorsque vous pensez avoir fait votre devoir le plus sacré, réparer les injustices. Et mon titre de "Justicier des Océans" m'est apparu comme une bénédiction, et j'ai repris la route de La Baussaine le pas léger et primesautier.
 
Kenavo