338 - La Régate.

Là il commence à avoir le trac le pépère ! Il se dit comme ça, que ça va devenir coton de se mesurer avec les as du petit temps et de la pétole. Mossieur vient de se coltiner des milles à la vitesse supersonique, il se demande s'il va réussir à régler les voiles au petit poil pour atteindre les 10,5 nds, et des pointes à 13 noeuds dans les plus grandes soufflantes !
 
Eh oui mon bonhomme, c'est tout un art ça, comme sur le Bavaria, torture du rail de gand-voile et 15 cm d'écoute à border, pas 13, 15 ! Du vrai Jacques de Tours, du fignolé, du cousu main.
 
Tandis que là, sur votre maxi-bolide, tout est dans la démesure, y'en a même un qui se fait 1520 milles en 24 heures, les superlatifs vont devoir être revus à la hausse, et il va falloir dépasser les hypers et autre mégas. J'imagine le truc, à plus de 2800 km par jour, on part en plein jour et on fait le tour du monde sans jamais voir le soleil se coucher !!! C'est vrai qu'il faudrait tourner dans l'autre sens, mais quand on arrive à ces vitesses là, on ne sait plus qui tourne autour de qui !!!

Des malades je vous dis, des malades !!!
 
Mais c'est la régate, c'est normal, ton réglage doit être le plus parfait possible, je suis obligé d'admettre. Mais ça ne me plairait pas, c'est sûr.
 
La première régate que j'ai faite, et aussi la dernière d'ailleurs, c'était à Djibouti en 420*. C'était un bateau que je ne connaissais pas (j'avais un vaurien), et il était mal réglé, la quête* était vachement arrière. Mon équipier en plus, était un novice complet. J'ai fini avant dernier de la première manche, et une âme charitable est venue me régler ce fichu mât. Et j'ai fini la deuxième manche à la deuxième place. J'étais vachement content, mais j'en suis resté là, et je crois que la course à la voile n'a pas perdu un grand navigateur, je suis beaucoup trop fainéant pour me casser la tête à reprendre les réglages en permanence. Pour moi, s'il me donne une bonne sensation, ça suffit à mon bonheur, je ne lui demande que de m'emmener où je veux, en rêvassant à la barre, ou en racontant des conneries si on me le demande gentiment.  
 
Le souvenir qui m'est resté de cette régate c'est l'adrénaline qui monte au moment du départ. Tous les bateaux qui se croisent dans tous les sens pour essayer d'être le plus prés de la ligne avec une vitesse correcte, mais sans la passer bien sûr, j'avais la bouche sèche comme jamais ça ne m'était arrivé.  
 
Mais si, j'oubliais, la dernière régate que j'ai faite, c'est en revenant de Jersey avec le ketch et qu'on vous a mis deux heures dans la vue !!! Non, je rigole, je rigole...On est juste arrivés deux heures avant vous.
 
Pour les néophytes en voile :
* 420, c'est un dériveur, pas l'année.
* La quête d'un mat c'est l'angle qu'il fait avec le bateau.