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Chroniques Kerrozeniennes
20 avril 2016

237 - Lilas et Ortie (II)

 

J'ouvre le dossier. Il contient quelques feuillets dont certains passages sont entourés de rouge. Ils sont extraits du manuscrit de "Sur la Vague Virtuelle du Vendée". Je me concentre sur les passages entourés, et je lis :
"Je me recale dans les coussins, balance mes pompes sous l'escalier qui mène aux chambres. Ma femme -  elle s'appelle Ortie - secoue la tête en gueulant. Quelle plaie d'avoir une compagne comme elle. Pas facile la vie à deux...Et alors, c'était comment tes skippers à la noix, éructe-t'elle
- T'avais qu'à venir, conasse, je fais en ajustant les coussins.
Elle passe la main dans ses cheveux gras et mal taillés et secoue la tête.
- Tu sais bien que je ne pouvais pas connard. C'est grave ?
- Ben non, moins j'te vois et mieux j'me porte
On s'engueule encore quelques minutes, j'essaie de lui raconter l'ambiance, les skippers sur les bateaux, elle me répond qu'elle n'en a rien à foutre. Je lui balance une mandale qui la fait brailler, et je me tire."
 
Je commence à comprendre, ça, c'est le vrai texte que Chico avait proposé à son éditeur. Je continue ma lecture.  
 
"17h. Je suis sorti. Avec Ortie on est allés se balader en ville quand elle est revenue de l'école. Elle va encore faire du lèche-vitrine, comme si elle pouvait améliorer quelque chose de son aspect repoussant. Tiens, un petit restau impromptu aussi. J'aime bien ces petits tête-à-tête, ici au moins elle ne gueule pas et elle essaie de manger à peu-prés proprement. Je l'ai observée, je la trouve de plus en plus moche...Mais la ville m'a semblée morne et vide."
 
Voila, j'en sais assez. Lorsque le directeur revient, il me trouve pensif sur le canapé. Vous voyez ? balbutie-t'il. Je ne pouvais pas publier ça.  
- Oui, je vous comprends, mais il y a quand même tromperie sur la marchandise.
- Bof ! Quelques pages ! Tout le monde n'a pas votre sagacité. On l'a appelée Lilas, c'est plus joli et on les a fait s'aimer, c'est quand même plus romantique.
- Vous savez que je ne mens jamais. Je ne veux pas vous faire de tort, mais si on m'en parle...
Le directeur est à genoux sur la moquette. Des larmes coulent le long de son visage et descendent le long de son cou. Il supplie :
- Je vous en supplie Monsieur Kero, pensez à notre réputation. Des centaines d'auteurs qui se retrouveraient à la rue du jour au lendemain, des femmes et des enfants condamnés à mendier dans les rues. Chico n'est pas un mauvais bougre, et mettez vous à sa place, ce n'est pas facile d'avoir une femme qui s'appelle Ortie.
- Relevez-vous mon brave. Vous m'avez ému et je ne vous ferai pas tort. Mais faites attention aux paparazzi, s'ils découvrent sa femme, je ne vous dis pas comment ils vont se régaler.
- Nous serons vigilants, je vous en fais la promesse.
- Bien. Je ne vous embête pas plus longtemps. Ne dites pas à Chico que je suis au courant.  
Je quitte le bâtiment non sans avoir recommandé à la secrétaire d'arroser les plantes du hall d'entrée, et je rejoins la Bretagne. Je suis content d'avoir élucidé le mystère Chico, mais je garderai le silence. Laissons Lilas, c'est joli Lilas. Et peut-être, un peu, quelque part, il vit avec une véritable Lilas qui le chouchoute....On peut toujours rêver.

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  • Chroniques publiées sur le forum de FRANCE 2 et FRANCE 3 consacrées aux sports, ces forums ne concernent que la voile, mais tous les sujets ont pu être abordés (société, philosophie, religion, poésie) avec plus ou moins de bonheur mais décalés. Kero Zen
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