249 - Le réveil au plafond.

Eugeason, photographe professionnel et excellent virtuelo-voileux a acheté une petite merveille croit-il. Un réveil dont l’heure, les minutes, les secondes sont projetées au plafond, plus besoin de se tourner pour attrapper un réveil dont on ne voit pas très bien ce qu’il indique. Maintenant, juste un petit coup d’œil au plafond et on est immédiatement renseigné sur la marche du temps.

Il l’annonce avec enthousiasme sur le forum :

comme ça la nuit dans le lit je n'aurai plus qu' à observer le défilement de l' horloge pour changer caps & voiles sans réveiller ma chérie,

 
Ca y'est, Eugeason a branché son horloge. Les chiffres sont là, sur le plafond, avec une jolie couleur bleutée, et seconde aprés seconde le temps s'égrène doucement et sans bruit. Eugeason entre doucement dans son lit, et fait attention de ne pas réveiller sa compagne qui dort paisiblement. Habituellement il se mettait sur le côté et le sommeil venait vite, le sommeil du juste, même pas le temps de repasser les photos du jour dans un cerveau déjà un peu assoupi. Cette fois il doit dormir sur le dos, pour pouvoir visualiser les chiffres qui défilent. Donc les yeux grands ouverts il surveille le temps qui passe. Il a décidé de se lever à 4 heures et 25 minutes, pas question de rater l'heure.  
 
A trois heures 15, il s'accorde un petit somme d'un quart d'heure. Il se réveille en sursaut, et pousse un soupir de soulagement. Ouf il n'a dormi que vingt minutes. Il reprend sa veille monotone. Toutes les photos de la journée ont défilé dans sa tête, il a même commencé à se passer mentalement le diaporama de la semaine complète. Les secondes défilent tranquillement et immuablement, et il a le sentiment de maitriser le temps qui passe, il se sent une sorte de pouvoir, il a l'impression à force de fixer son plafond qu'il arrive à ralentir ou accéler le fastidieux défilé. Il rigole doucement, il sait que ce n'est qu'une impression, à force de fixer.
 
Il est bientôt quatre heures, il sait exactement le temps qu'il lui reste avant de se lever. Il calcule mentalement le nombre de secondes qui lui reste avant d'aller voir son bateau. 25 que multiplie 60 égale, égale... égale.
 
Eugéason, épuisé s'endort...
 
Il entend une voix qui vient de loin, de derrière le plafond, une voix qui l'appelle...une voix qu'il connait bien pourtant... mais qui parle ? Il ouvre un oeil. Penchée sur lui, le regard inquiet, c'est sa chérie comme il aime à l'apeller. "Eh bien mon gros loulou ? Il est neuf heures, tu restes au lit aujourd'hui ?"
Le gros loulou écarquille les yeux, et là sur le plafond il voit les chiffres qui semblent se moquer de lui : 09 : 00 : 25.
26, 27, 28, 29....
 
Mon bateau gémit-il, je n'avais qu'à allonger le bras pour attraper Frogeater, et Macall était derrière.... Bouh houhhouh ! Mon bateau, mon beau bateau......