250 - Tartiner et Tartine .

La croisière que nous avons organisée en Méditerranée s’est déroulée de manière formidable. Et en retirer quelques souvenirs sans importance  est aussi amusant de mon point de vue.

Ce matin du Jeudi 8 octobre, comme d'habitude nous prenons notre petit déj dans le cockpit. Quelqu'un fait remarquer que s'il n'y a plus de bière personne n'a touché au Nutella, et qu'il faudrait peut-être se décider à entamer au moins un des pots. Cet évènement extraordinaire m'a permis de m'apercevoir avec un étonnement que je n'avais pas ressenti depuis bien longtemps, que l'être humain est un être bizarre et parfaitement incompréhensible. Un des membres de cet équipage, dénommé Pascal, personne sérieuse s'il en est, maire de son village de l'Ardèche, responsable de tas de syndicats paysans plutôt actifs bien que minoritaires, éleveur de milliers de cochons tous plus beaux les uns que les autres, adepte de la tolérance et de la liberté pour chacun, ce Pascal donc, ne supporte pas une chose. Il ne supporte pas qu'on puisse tartiner son pain de Nutella avec un...couteau ! C'est pour lui le summum de l'ignorance, du mauvais goût, du manque de savoir-vivre, et dans l'Ardèche, quelqu'un qui tartine son pain de Nutella avec un couteau, est un gougnafier de la pire espèce qui mérite le mépris de ses contemporains... J'ai pris une petite cuiller...
 
Quand on parle de tartiner, il y a eu à bord aussi, une discussion récurrente entre Oursinet et quelqu'un, je ne me souviens plus, mais il ou elle se dénoncera, au sujet des tartines et du verbe tartiner. Une tartine qui n'est pas encore tartinée peut-elle être appelée tartine. N'est-ce pas plutôt lorsqu'elle est tartinée qu'elle devient une tartine, et qu'avant elle ne peut tout au plus qu'accéder au statut de tranche de pain ? Les croisières ont aussi cette particularité trés utile, on en conviendra, de préciser des choses qui demandent à l'être, pour le bien de la philosophie en général et de la philologie en particulier.