481 - L'utilisation du Morse.

Un lecteur nommé Olivier m’envoie ce courrier : Mon très cher Kero, toi qui es une sommité en matière de tout, tellement sommitaire qu’en ce moment où je t’écris, ma main tremble, car je me rends compte qu’un misérable puceron comme moi, ose s’adresser à celui que la terre entière nomme le Génie du savoir universel, le Pic de la Mirandole moderne, aurais-tu la bonté de m’expliquer à quoi peut bien servir un Morse sur un voilier moderne ? La reconnaissance que j’en aurais à la lecture de cette explication serait incommensurable et pour tout dire indescriptible, c’est pourquoi je ne me casse pas la tête à la décrire.

Heureux de pouvoir hisser un brave ignorant vers la lumière de la culture, je répondis aussitôt :

Cher Olivier, je vais te donner quelques notions techniques de radio, telle qu'on l'utilisait dans les années 60 quand il n'y avait pas les sattelites.
 A bord de chaque navire, on embarquait un Morse, qui permettait de faire passer les communications radio ainsi que les messages entre bateaux, que les timoniers déchiffraient sur la passerelle. Sur les gros bateaux, genre porte-avions, croiseurs de ligne ou paquebot on embarquait une famille Morse entière, elle avait un petit appartement au dessus du PC Radio. Les Morses permettaient de passer les émissions radio grâce à un fil de cuivre relié à une nappe (c'est ainsi qu'on appelle les grandes antennes filaires déployées entre les mâts). Et pour les transmissions entre bateaux, ils se blotissaient et se détendaient en cadence, comme tu peux le voir sur le site du Vent des Globes. Ils utilisent en radio et à vue un alphabet qui leur est propre, composé de traits et de points. Les radios et les timoniers faisaient un apprentissage spécial sur la banquise pour apprendre à les déchiffrer.
 
Dans une course comme le Vendée Globe, les bateaux descendent vers l'antarctique, et passent de l'autre côté de la terre entre l'Australie et le pôle Sud. Et à cet endroit, il y a une zone non couverte par les sattelites, normal, il n'y a jamais personne. C'est pourquoi les concurrents emmenent un Morse avec eux pour pouvoir communiquer en cas de problèmes de liaison. Et celui qu'a emmené Chan a été prêté (contre des traites quand même) par PatLeugh, mais bon, il n'est pas trop trop alerte, et c'est un peu dommage. Mais Chan va le soigner, et il sera opérationnel. Donc, il faut que PatLeugh arrête de se lamenter, car il reverra son Morse sain et sauf.
 
Voila mon cher Olivier, maintenant tu sais tout sur les Morses et leur rôle dans la course. Ne me remercie pas tu en aurais fait autant pour moi.