227 - François 1er et la Guerre.

Hier je vous ai parlé des Rois de France, et je suis content que tout le monde soit de mon avis et que ce sont bien des voyous sans foi ni loi, que la leur. Alors pour rester dans le sujet et illustrer mes propos, je vous propose un texte que je viens de lire dans un remarquable ouvrage du XVIIIème siécle du Marquis d'Argens, qui déjà avant Voltaire se piquait de contester les vérités du temps. Ca lui a valu d'ailleurs d'être exilé une grande partie de sa vie, et de publier son livre (La Philosophie du Bon-sens ou Réflexions philosophiques sur l'Incertitude des Connaissances humaines) en Hollande.
 
Voici ce qu'il dit sur François Ier :
 
"L'expédition de François Ier dans le Milanez est une des plus grandes entreprises de la France, & qui lui a coûté le plus cher. Si nous en croyons Brantôme, elle n'a eu d'autre cause que l'intempérance de François Ier & la débauche de l'Amiral de Bonnivet. Voici ce qu'en dit cet auteur :
"L'Amiral de Bonnivet conseilla lui seul à François Ier de passer les Monts...non tant pour le bien & service de son Maître, que pour aller revoir une grande Dame de Milan & des plus belles, qu'il avait faite pour maîtresse quelques années avant, & en avait tiré plaisir, & en voulait retâter. J'ai ouï dire ce conte à une grande Dame de ce tems là, & même qu'il avait fait au Roi cas de cette Dame, qu'on dit qui s'appelait la Signora Clarice, pour estimée des plus belles de l'Italie. Il lui en avait fait venir l'envie de la voir & de coucher avec elle : & voilà la principale cause de ce passage du Roi, qui n'est à tous connue. Ainsi la moitié du monde ne sait comment l'autre vit; car nous cuidons la chose d'une façon, qui est de l'autre. Ainsi, Dieu qui sait tout, se moque bien de nous."
Ne voila-t'il pas, Madame, un beau motif pour faire périr tant de malheureux soldats, pour ruiner ses peuples par des impôts, & pour réduire un Royaume à deux doigts de sa perte, que de vouloir coucher avec la Signora Clarice ? Je conviens Madame, qu'on doit faire beaucoup pour une belle personne, mais c'est pousser les choses un peu loin, que de mettre l'Europe en feu. "
 
Et voila comment va l'Histoire de France et du monde, au gré des caprices des puissants et de leurs lubies, parfois de leurs folies. Et le petit peuple paie les impôts pour lever les armées, donne ses meilleurs fils pour servir de chair à canon, et engraisse les prêtres pour qu'ils leur prêchent la résignation et l'obéissance. Ces temps sont-ils révolus ?  
 

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